Importance de l’amont [1/ 2]
Je pars du postulat qu’avant d’acheter un bien, il y a comparaison et sélection, de manière plus ou moins palpable, entre les biens interchangeables disponibles sur le marché.
Exemple : Je m’arrête aux légumes, il y a plusieurs sortes et provenances de pommes. Que ce soit conscient ou non, il y a donc un moment où je vais choisir ma pomme, la choisir selon certains critères de comparaison.
La comparaison vise des biens, des installations, et donc d’une manière plus générale des modes de consommation. C’est pourquoi elle est déterminante dans notre comportement concret concernant la marche des affaires non seulement dans le pays de consommation, mais aussi dans tous les pays concernés par les productions, exploitations, transports, retombées économiques directes et indirectes, effets sociaux et personnels, etc.
Or trop souvent, à mon sens du moins, le consommateur qui se veut responsable s’arrête à une simple mention verte pour glisser tranquillement sa pomme dans son caddie.
C’est pourquoi j’ai dans ma ligne de mire, pour cette première partie, la satisfaction béate d’acheter des labels AB –agriculture biologique, réseau Biocoop, Bourgeon-Bio, commerce équitable,…
Parce que j’estime qu’il y a erreur sur les critères de comparaison apportés par ces labels.
Que vaut une salade dûment marquée d’un Bourgeon-Bio (=Suisse), pour un habitant de Toulouse ?
Que valent des céréales issues du commerce équitable brésilien, quand je sais qu’elles ont été transportées dans des véhicules sans catalyseurs ?
Il y a un problème de vue générale. C’est ce que j’entends quand je parle « d’amont ». L’amont de toute la chaîne qui a mené au rayon du supermarché. Toute la vie du bien avant sa consommation.
Ce n’est pas le fait que la production se soumette à certaines valeurs qui garanti que la chaîne globale soit satisfaisante.
Or, le label AB par exemple, est décerné selon des critères de production. Et jamais d’acheminement, ou de respect humain.
Acheter un produit estampillé n’est donc pas un gage de consommation responsable.
Ca ne veut évidemment pas dire qu’un labelisé n’est pas satisfaisant ; simplement que le label ne veut rien dire, dans une dynamique personnelle de comparaison.
Ainsi, les critères de comparaison et de sélection ne seront pas les mêmes selon
-le lieu envisagé (consommer une salade de la campagne genevoise a du sens pour un genevois, mais beaucoup moins pour un madrilène)
-le type de nourriture recherchée (inutile de chercher des dattes poussant en Belgique. Le cercle de recherche sera ici de toute façon plus grand)
-la sensibilité de l’acheteur (pour un, ce sera la rémunération de l’ouvrier qui sera important, pour l’autre le respect de la tradition).
Loin de remettre en cause les valeurs défendues par les garants des labels mentionnés ci-dessus, je suis convaincue qu’il faut se détacher des mentions vertes. Parce qu’elles ne représentent absolument pas une garantie de consommation idéale aux vues des critères de comparaisons globaux, prenant en compte l’ensemble du fleuve alimentaire.
C’est pourquoi elles ne suffisent pas pour créer sa propre bio-alimentation, selon son lieu d’habitation, ses habitudes culinaires, et ses préférences personnelles.
Au lieu d’acquérir sur la base d’une sélection établie par d’autres, faites donc votre propre comparaison !
13 comments:
Ou faites pousser vos légumes (avec un ptit bout de jardin ou un ptit bout de balcon) ! Non ?
Chiottes, j'étais en train de déblatérer mon super com', et évidemment, ça a buggé, pour changer.
Pffft.
Je disais donc que je fais partie des clients un peu gogols qui se limitent aux apparences pour choisir leurs fruits. Quand j'achète une pomme, je regarde la tête qu'elle a, et ça me suffit. les étiquettes, c'est limite si je m'en balance.
Maintenant, je vais faire un hors-sujet, mais je suis plus inquiète en matière d'OGM. Pourquoi on met de belles étiquettes pour signaler ce qui est "mangeable et vivement conseillé" et pourquoi on n'en met pas sur les produit modifiés? là, je suis choquée. D'abord parce qu'on nous balance des OGM qui ne sont pas sûrs! J'ai halluciné quand j'ai entendu un gars (euh en l'occurrence, quelqu'un de très haute importance qui a autorisé la production d'OGM en Europe, me semble-t-il) qui disait "on ne sait pas quel effet ça aura à long terme, mais on autorise quand même"! C'est dingue! Encore des bouffons qui ne tiennent absolument pas compte des erreurs du passé, du sang contaminé, des régions radioactives, des produits toxiques à l'origine de cancers, malformations et combien d'autres horreurs!!! Bref, c'est déjà dingue de dire oui, mais ce qui est pire, c'est de le cacher, et même, de le rendre ambigu! Quand on lit "amidon modifié", "soja modifié"... doit-on conclure qu'il s'agit d'OGM?
On ne peut même pas choisir! Pour moi, il y a problème. On devrait clamer haut et fort, avec des étiquettes qui sautent aux yeux, que tels aliments contiennent des OGM, et pas d'autres. C'est tromper les gens, désinformer, et finalement, mentir. Et pourquoi on ment, alors, si les OGM sont "sans danger"? On n'essaye pas de cacher un aliment sain!
Bref, je suis hors sujet, je sais.
Mais finalement, à choisir entre AB-melting pot de cochonneries post-transport et OGM-non-spécifié, je ne sais plus que décider.
Bref... sorry d'avoir détourné le sujet.
Et Bourgeon-bio à Toulouse, j'suis même pas sûre qu'on connaît. Moi non, en tout cas. Mais je suis pas une référence...
Flo,
Hors sujet je sais pas. On touche à l'étiquetage, d'une manière générale.
PA avait posté un article intéressant à ce sujet, avec une vidéo. http://12spectrumcourt.blogspot.com/2007/02/le-panier-de-la-menagere.html
A nuancer peut-être (la vidéo), mais l'idée est là.
Je n'arrive pas à être vraiment intimidée par les OGM, de mon côté. C'est plus la disparition de la diversité qui m'ennuie; dans la mesure où elle supprime la possibilité d'y revenir en cas d'ennui avec les OGM.
Si les espèces génétiquement modifiées ne sont pas encerclées, alorson risque d'avoir ces chaînes modifiées dans l'ensemble des produits.
Et ça, ça me dérange.
Parce qu'on ne pourra plus avoir de contrôle.
Pour le reste, je ne vois pas pourquoi on essaierait pas de rendre les plantes le plus productives possibles (PA parlait, dans les comm de l'article linké, d'une phénomène semblable à celui qui fait choisir les meilleures espèces. Ce qui me semble de toute intelligence..).
Ca m'a l'air légitime.
Et il y a aussi une partie de la population qui dépend de ces modifications, d'après ce qui se dit (les espèces "normales" ne pousseraient pas, par manque d'eau, etc).
Evidemment, Chrystelle a le remède! J'avais quand même pas osé en parler là, puisque ça pose des problèmes techniques..
Déjà avec un grand jardin, en plein été, c'est hyper dur de satisfaire à nos besoins légumineux. Alors imagine en plein hiver. Ou sur un balcon!
L'effort pour l'autarcie dans ce domaine est vraiment important, très important.
Même si je conviens qu'idéalement c'est top (sauf problème de diversité de consommation, peut-être; bicoz c'est dur de cultiver "de tout")
[mais ça me plaît, d'autant que ça limiterait les pertes, parce que quand tu as sué ta salade, t'as pas tendance à en jeter la moitié..
C'est valable pour l'alimentation, mais aussi pour l'énergie. J'y reviendrai]
Le remède, tu exagères :-)
Bien sûr cela pose le problème de la diversité de consommation ; mais dans l'idée, effectivement comme tu le soulignes si justement, l'idée de faire l'effort, puis de récolter... J'en garde de bons souvenirs de gamine...
Et puis c'est du bio, si tu ne mets pas d'engrais dégueu (à moins que les graines soient déjà "infectées"...?)
tu peux faire monter tes salades en graine, et voilà, pas de semi infecté
(à partir du moment où t'en a chopé une, à un moment, non infectée)
Mais faut déjà chercher, dans le petit commerce, pour avoir des trucs modifiés à notre échelon..
Sans déconner, il y a des légumes pour lesquels ça vaut vraiment la peine, et d'autres peut-être moins, ou du moins pour lesquels c'est plus complexe.
Les tomates, les aromatiques, les poireaux, pommes de terres, ça c'est génial!
p.s. Et avec le willy waller 2006, ça va devenir un plaisir de manger des patates
Vous faites vraiment pousser vos legumes toutes les deux?
Et ca suffit pour se nourrir regulierement sans avoir besoin de faire un complement au marche ou au supermarche du coin?
Je suis scie!
Perso je (ma mère en tête de proue) fais juste -surtout- en été, sauf les aromatiques toute l'année.
Mais ça suffit pas du tout.
C'est plus pour conserver un goût et des papilles en bon état de marche que pour autre chose.
Ah, et les fruits, oui. Quand c'est la saison, alors j'ai des prunes -plein- et des pommes -trop.
Et quelques autres trucs, mais en plus petite quantité.
C'est un vrai jardin potager alors?
J'y pense parfois, mais sur le balcon de l'appart, ca me semble derisoire. Meme si ca me permettrait d'apprendre, en attendant le jour ou on retournera a la campagne.
en fait c'est un verger. Ca produit tout seul, c'est sympa.
Juste à planter de nouveaux arbres de temps en temps. Quand ma mère a acheté il y avait déjà des arbres fruitiers (dont un arbicotier à tomber par terre..), maintenant ils commencent à vieillir. Donc on renouvelle c'est tout.
Et puis on a installé un potager en plus. La production dépend largement des années..
Sur un balcon ça vaut la peine de mettre des trucs tranquilles. Genre du basilic, un petit romarin, sauge. Trucs comme ça.
Je vois mal comment tu peux mettre des patates ;)
y'a du soleil?
De notre côté, sur notre pov' balcon c'est 4-5 aromates et tomates normales et cerises. Pas cette année car on espère déménager ;-)
Mes parents font leurs tomates, poireaux, oignons, fraises... mais je vous raconte pas ma tronche quand ma mère a décidé de virer les pommiers, le poirier, les quetschiers (:-p) et mon mirabellier de-quand-j'étais-petite je-montais-dessus-pour-tout-manger ! snif... Tout ça pour mettre des plantes d'ornementation (y'en avait déjà !)
Bref, vivement notre maison avec un bout de jardin et un petit potager... qui suffira pas à nous nourrir mais ce serait déjà bien !
Si un fond d'écran (ou autre) "Révolution énergétique" vous intéresse : http://www.revolution-energetique.com/
blog/index.php/2007/04/11/72-fonds-d-ecran
-revolution-energetique
(j'ai scindé l'url...)
Je suis une consommatrice de base, je crois. Je suis très difficile donc j'ai généralement besoin d'un très long temps de comparaison (quelle est la brioche la plus moelleuse ?), mais je me pose rarement la question des provenances, des conditions de fabrications, en somme, de ce que mon comportement de consommateur induit, de ce que mon argent rétribue.
En ce moment, le plus compliqué pour moi c'est de chasser dans les rayons en essayant d'éviter les produits allégés. C'est vraiment hallucinant, quelle invasion ! Et ça me ferait mal de cautionner ne serait-ce que d'un centime cet nouvelle industrie basée en très grande partie sur de la culpabilité déplacée... et grandement féminine.
Mais c'est contre une idée, et pas contre un label en particulier. En fait, nos préoccupations idéologiques ne nous quittent jamais, même au supermarché...
Tu vois, ben j'admire à 200% cette chasse-ci.
J'avoue -shame on me- que je m'étais jamais posé la question de ce point de vue-là.
(aussi parce que, a contrario, ça ne m'est jamais venu à l'idée d'acheter quoi que ce soit d'allégé)
C'est exactement ce dont je parlais de "sensibilité de l'acheteur".
Chacun son trip, j'ai l'impression que le plus important c'est d'y être cohérent.
Comme quelqu'un me disait récemment.. "Il y a plein de problèmes, et c'est bien qu'il y ait des gens pour se dévouer à toutes ces causes différentes ;-)"
J'ai trouvé cette phrase pleine de bon sens.
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Et je me rends compte -confuse- que si j'avais vaguement présenté les blogeurs d'ici à Floriane et Fanny, je n'ai pas fait l'inverse, donc rapidement:
Salut tous, j'ai invité Flo et Fanny à lire ce blog. Toutes les deux sont mes côpineuh, toutes les deux françaises, connues à l'origine par le cercle des écrivains.
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